Le 14 octobre 2025 marque un tournant majeur dans l’histoire de l’informatique : Microsoft met officiellement fin au support de Windows 10.

Lancé en juillet 2015, ce système d’exploitation a équipé des centaines de millions d’ordinateurs à travers le monde pendant une décennie.

Aujourd’hui, cette transition soulève des questions cruciales en matière de sécurité informatique et d’impact environnemental.

Fin du support Windows 10 : alternatives


📌 À retenir

Les points essentiels de cet article :

  • Date de fin de support : 14 octobre 2025 (plus de mises à jour de sécurité gratuites)
  • 400 millions de PC concernés dans le monde (40% du marché)
  • ESU gratuit pour l’Europe : 1 an de mises à jour offert aux résidents de l’EEE jusqu’au 13 octobre 2026
  • La Suisse n’est pas concernée par la gratuité (hors EEE) : 30$ pour les particuliers
  • 240 millions de PC risquent de devenir des déchets électroniques
  • Exigences strictes pour Windows 11 : puce TPM 2.0 obligatoire
  • Alternatives viables : Linux (gratuit), Chrome OS Flex, ou virtualisation
  • Risque sécurité majeur : vulnérabilités non corrigées après octobre 2025

Une adoption massive qui complique la transition

Windows 10 équipe encore environ 40% des ordinateurs dans le monde, soit près de 400 millions de machines selon les statistiques de Statcounter de septembre 2025. Cette adoption massive rend la transition particulièrement délicate, d’autant que tous ces appareils ne sont pas compatibles avec Windows 11.

En effet, Microsoft impose des exigences techniques strictes pour son nouveau système d’exploitation, notamment la présence d’une puce TPM 2.0 et d’autres prérequis matériels.

Résultat : des millions d’ordinateurs encore parfaitement fonctionnels se retrouvent incompatibles avec Windows 11.

Les risques de sécurité après la fin du support

Dès le 15 octobre 2025, les ordinateurs sous Windows 10 ne recevront plus :

  • De mises à jour de sécurité
  • De correctifs pour les nouvelles vulnérabilités découvertes
  • D’assistance technique de Microsoft

Selon l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), toute nouvelle vulnérabilité identifiée après cette date ne sera pas corrigée, constituant un risque de sécurité majeur. Le baromètre de l’ANSSI révèle que 34% des attaques de programmes malveillants ciblent des PC de plus de 5 ans équipés de systèmes obsolètes, contre seulement 6% pour les appareils de moins d’un an.

Un sursis gratuit pour les Européens

Mise à jour importante (octobre 2025) :

Face à la pression des associations de consommateurs européennes et sous l’impulsion du Digital Markets Act (DMA), Microsoft a finalement accordé une extension gratuite d’un an pour les utilisateurs de l’Espace Économique Européen (EEE).

Le programme ESU gratuit en Europe

Les résidents de l’EEE (dont la France, la Belgique et le Luxembourg, mais pas la Suisse) peuvent désormais bénéficier gratuitement du programme Extended Security Updates (ESU) jusqu’au 13 octobre 2026, simplement en :

  • Se connectant avec un compte Microsoft
  • Utilisant Windows 10 version 22H2
  • Restant connecté au compte au moins une fois tous les 60 jours

Important : L’inscription au programme ESU est désormais disponible depuis le 14 octobre 2025. Les utilisateurs peuvent encore s’inscrire après cette date limite.

Pour le reste du monde

Hors EEE, les particuliers ont trois options pour obtenir l’ESU :

  1. Activer la sauvegarde Windows sur OneDrive (gratuit)
  2. Échanger 1 000 points Microsoft Rewards (gratuit)
  3. Payer 30$ pour un an de mises à jour

Pour les entreprises

Les organisations peuvent souscrire au programme ESU avec des tarifs progressifs :

  • Première année (2025-2026) : 61$ par appareil
  • Deuxième année (2026-2027) : 122$ par appareil
  • Troisième année (2027-2028) : 244$ par appareil

Un désastre environnemental annoncé

Le cabinet d’analyse Canalys estime que jusqu’à 240 millions d’ordinateurs pourraient devenir des déchets électroniques en raison de l’incompatibilité avec Windows 11.

Si tous ces ordinateurs portables étaient empilés, ils formeraient une pile de 600 km, plus haute que la distance Terre-Lune.

Les enjeux écologiques

Cette obsolescence logicielle force le remplacement d’appareils parfaitement fonctionnels sur le plan matériel, entraînant :

  • Une production massive de déchets électroniques (DEEE)
  • Un gaspillage considérable de ressources non renouvelables
  • Des émissions de CO2 supplémentaires liées à la fabrication de nouveaux appareils
  • Une pollution environnementale par les composants toxiques

Au Québec, l’entreprise Uni-Recycle a reçu plus de 21 700 ordinateurs incompatibles avec Windows 10 depuis juillet 2025, dont 64% ont pu être réemployés grâce à l’installation d’autres systèmes d’exploitation comme Chrome OS.

Une contradiction avec les objectifs de durabilité

Plusieurs associations environnementales, dont Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP), Équiterre et Option consommateurs, dénoncent cette situation comme un cas flagrant d’obsolescence programmée qui contredit les engagements de Microsoft en matière de développement durable. L’entreprise américaine s’est pourtant engagée à devenir « carboneutre, eau positive et zéro déchet d’ici 2030 ».

Les solutions alternatives

Face à cette situation, plusieurs options s’offrent aux utilisateurs :

1. Migrer vers Windows 11

Si votre ordinateur répond aux exigences techniques, la mise à niveau vers Windows 11 reste gratuite. Utilisez l’outil « PC Health Check » de Microsoft pour vérifier la compatibilité de votre machine.

Avantages :

  • Support et mises à jour jusqu’en 2031
  • Interface moderne et nouvelles fonctionnalités de sécurité

Inconvénients :

  • Nécessite un matériel récent (puce TPM 2.0, etc.)
  • Certains logiciels ou périphériques peuvent ne plus être compatibles

2. S’inscrire au programme ESU

Cette solution temporaire permet de gagner du temps pour préparer la transition, tout en maintenant un niveau de sécurité acceptable pendant un an supplémentaire.

3. Passer à Linux

Pour les ordinateurs incompatibles avec Windows 11, Linux représente une excellente alternative gratuite et durable. Plusieurs distributions sont spécialement conçues pour faciliter la transition :

  • Linux Mint : interface familière pour les utilisateurs de Windows
  • Ubuntu : distribution populaire et bien documentée
  • Zorin OS : conçu pour ressembler à Windows

Avantages :

  • Gratuit et open source
  • Systèmes légers adaptés aux anciens PC
  • Support à long terme
  • Moins vulnérable aux virus

4. Chrome OS Flex

Google propose Chrome OS Flex, une version allégée de son système d’exploitation, idéale pour redonner vie à des ordinateurs anciens.

5. Utiliser une machine virtuelle

Pour les utilisateurs expérimentés, installer Windows 10 dans une machine virtuelle (VirtualBox, VMware) permet de continuer à utiliser certains logiciels Windows tout en limitant les risques de sécurité.

Recommandations d’Infologo

En tant que professionnels de l’informatique en Suisse, nous recommandons :

  1. Ne pas paniquer : votre ordinateur continuera de fonctionner après le 14 octobre 2025.
  2. Évaluer la compatibilité : vérifiez si votre machine peut accueillir Windows 11.
  3. Anticiper : si une migration est nécessaire, planifiez-la soigneusement.
  4. Sauvegarder : créez une sauvegarde complète de vos données avant toute migration.
  5. Considérer Linux : pour les machines incompatibles, Linux est une alternative viable et durable.
  6. Pour les entreprises suisses : Évaluez le coût du programme ESU face à un renouvellement progressif du parc informatique.

Conclusion

La fin de Windows 10 illustre les tensions entre innovation technologique, sécurité informatique et responsabilité environnementale. Si Microsoft justifie cette décision par des impératifs de sécurité et de modernisation, elle pose des questions légitimes sur l’obsolescence logicielle et son impact écologique.

L’obtention d’une année gratuite de mises à jour en Europe représente certes une victoire pour les consommateurs, mais ne résout pas le problème de fond : des millions d’ordinateurs parfaitement fonctionnels risquent de devenir des déchets électroniques.

Face à cette situation, les utilisateurs et les entreprises doivent peser leurs options : migration vers Windows 11, adoption d’alternatives comme Linux, ou investissement dans le programme ESU. Quelle que soit la solution choisie, il est essentiel de privilégier une approche responsable qui concilie sécurité, durabilité et efficacité économique.


Sources : Microsoft, CERT-FR (ANSSI), Statcounter, Canalys, associations environnementales (HOP, Équiterre, Option consommateurs)

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